
Grasset
EssaiCoup de cœur
♥♥♥♥♥
19 Octobre 2022
304 pages
EAN : 9782246821052
Résumé éditeur :
« Ce sont des créatures fantastiques, effrayantes qui font penser à des légendes sombres. Sans pitié, elles sont probablement encore plus dangereuses que les bourreaux SS car ce sont des femmes. Est-ce que ce sont vraiment des femmes ? » Ainsi témoigne Lina Haag, rescapée du camp de Lichtenburg.
Elles se nommaient Irma Grese alias « La hyène d’Auschwitz », Maria Mandl, Johanna Langefeld ou encore Hermine Braunsteiner pour les plus célèbres. Dans chaque camp de concentration et d’extermination où elles étaient affectées, elles incarnaient la peur, la brutalité et la mort. Ces femmes qui participèrent activement à l’appareil génocidaire nazi, ce sont les gardiennes. La loi nazie imposant que les prisonnières et les déportées soient surveillées par des femmes, un corps de métier dépendant de la SS fut créé spécialement à cet effet, fort d’environ 4000 recrues.
Rouage essentiel dans l’administration des camps, les gardiennes, généralement issues de milieux modestes – ouvrières, employées de maison ou postières- sont recrutées par petites annonces, bouche à oreille ou directement sur leur lieu de travail. C’est à Ravensbrück, le premier et le plus grand camp pour femmes, qu’elles sont formées à partir de 1939. Dans l’univers concentrationnaire, elles deviennent vite des spécialistes de la violence. En 1942, quand les camps se multiplient et que la « solution finale » est décidée en secret, elles sont envoyées à l’Est pour seconder les SS dans leur travail macabre : humiliation, torture, sélection pour les chambres à gaz. Leur cruauté n’a rien à envier à celle des hommes. Si après la guerre, certaines gardiennes sont jugées et exécutées par la justice alliée, la majorité parvient à se faire oublier. Il faudra toute l’opiniâtreté de chasseurs de nazis, comme Simon Wiesenthal, pour les traquer et les débusquer, parfois jusqu’aux Etats-Unis.
Femmes bourreaux retrace l’ascension et le quotidien de ces gardiennes au sein des camps : une histoire qui n’avait encore jamais été écrite.
Mon commentaire :
Je suis gênée de dire coup de cœur pour cet essai tant le propos est abominable. J’ai plutôt ressenti comme un énorme et désespérant coup de poing. Les femmes ordinaires dont nous parle Barbara Necek démentent vraiment la maxime tirée du poème de Louis Aragon. « L’avenir de l’homme est la femme ».
L’auteur commence par nous décrire le contexte économique de l’après première guerre mondiale qui a permis l’éclosion de la doctrine nazie. Les femmes y sont considérées comme des êtres inférieurs, juste destinées à la procréation et confinées à la maison. Ça n’a pas empêché un grand nombre d’entre elles de s’enthousiasmer pour le führer et d’adhérer à ses doctrines. Elles ont grandement participé à son accession au pouvoir.
Les hommes étant tous à la guerre, il a bien fallu que des femmes les remplacent pour certains travaux. C’est ainsi qu’elles ont été recrutées dans des camps de femmes. Elles ont voulu montrer qu’elles étaient mieux que les hommes et ce fut un déchainement de violence et de cruauté. Ces femmes étaient souvent très jeunes et peu instruites, ce qui n’excusait pas leur participation à toutes les atrocités commises dans les camps. Rien ne les obligeait à y travailler, sinon leur désir de sortir de la misère et de monter dans l’échelle sociale.
Et les procès ! Après la guerre, peu de femmes ont été condamnées, considérées comme de petits rouages du nazisme. Souvent sous un autre nom, elles ont commencé une nouvelle vie, certaines toujours convaincues de la suprématie aryenne. Dans l’opinion allemande, une femme, par essence, ne pouvait être un bourreau alors que, pendant des années, le discours officiel avait loué que leurs vertus, dites féminines, au sein de la famille.
Je ne regrette vraiment pas d’avoir fait l’effort de lire Femmes bourreaux. C’est effrayant mais passionnant. Barbara Necek a réalisé un énorme et minutieux travail de documentation pour écrire cet essai. Elle s’est basée sur de très nombreux témoignages en lisant les minutes des procès, en confrontant les souvenirs des rescapées et les écrits des anciennes gardiennes. A lire pour éviter que ça arrive à nouveau !

Merci aux éditions Grasset
et à NetGalley
#Femmesbourreaux #NetGalleyFrance