Un long, si long après-midi de Inga Vesper

Éditions de La Martinière

04 mars 2022

Titre original : The Long, Long Afternoon

Traduit de l’anglais par Thomas Leclere

416 pages

ISBN : 9782732499253

Quatrième de couverture :

«Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore.»

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté.

Mon commentaire :

Inga Vesper utilise les codes du roman policier pour nous décrire les USA de la fin des années 1950. Dans ce passionnant premier roman, on est bien loin du rêve américain tel qu’il était idéalisé chez nous.

Dans les milieux aisés, les femmes s’ennuient dans leur magnifique cuisine en attendant le retour de leur mari. Les apparences sont primordiales et le féminisme en est encore à ses balbutiements. Joyce est une de ces femmes qui se consument sous l’autorité maritale. Lorsqu’elle disparaît, on pense tout d’abord à un enlèvement mais c’est peut-être une disparition volontaire. L’auteure sème habilement le doute et le fait durer jusqu’à l’épilogue.

C’est Ruby, la bonne, qui alerte la police. Ruby est noire. Les soupçons se portent tout de suite sur elle et elle est immédiatement mise en garde-à-vue, sans aucun motif valable. En 1959 il ne fait pas bon être coloré dans les états du sud, la ségrégation, bien que abolie, est encore dans toutes les mentalités. Une des grandes qualités du récit est de nous remettre en mémoire toutes les injustices que les populations non blanches ont subies et de restituer l’atmosphère de cette époque.

Mick, l’inspecteur, vient de Brooklyn. Il n’a pas la même culture du racisme que ses collègues. Il se prend d’affection pour Ruby et la respecte. Lui aussi n’a pas une vie facile.

De courts chapitres rythment le récit en faisant alterner les enquêtes de Ruby et celles de Mick. Ils sont entrecoupés par la voix de Joyce qui nous raconte son histoire et ses secrets.

Les thèmes abordés ne sont pas très nouveaux. Je ne suis pas la seule à comparer la vie dans la banlieue chic à celle des Desperate Housewives. Le manque de considération des bonnes de couleur est bien la même que dans La Couleur des sentiments. Le petit plus de Inga Vesper est d’avoir su judicieusement mêler les deux thèmes dans ce polar addictif, prétexte à une fine analyse de l’Amérique de 1959. Auteure à suivre!

Merci aux éditions de La Martinière et à Babelio pour cette belle découverte

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