Anna Thalberg de Eduardo Sangarcia

La Peuplade

17 janvier 2023

Traduit de l’espagnol (Mexique) par Marianne Millon

168 pages

EAN : 978-2-925141-46-4

Résumé éditeur :

Un après-midi, alors qu’elle attise le feu dans la cheminée de sa chaumière, la jeune Anna Thalberg aux yeux de miel est enlevée par des hommes brutaux et amenée à la prison de Wurtzbourg, où on l’accuse de sorcellerie. Isolée et torturée pendant des jours, elle tient tête au cruel examinateur Melchior Vogel tandis que Klaus, le mari d’Anna, et le père Friedrich, curé de son village, tentent tout ce qui est en leur pouvoir pour lui éviter les flammes du bûcher. Petit à petit, le visage du Diable se révèle être celui du Dieu des hommes, et la sorcière un nouveau Christ. 

Par un tour de force stylistique, Eduardo Sangarcía parvient à réunir dans un même souffle les préoccupations de chacun des personnages de ce drame, faisant revivre avec brio la folie meurtrière du procès des sorcières de Wurtzbourg, qui ébranla le sud de l’Allemagne aux XVIe et XVIIe siècles.

Mon commentaire

Premier roman :

Anna est belle, rousse avec des yeux de miel, mais elle n’est pas du village. Les autres femmes ne l’aiment pas, leur mari la regarde avec concupiscence. De tout temps l’étranger à fait peur, la femme aussi. Au XVIème siècle, dans une Allemagne secouée par des luttes religieuses, une pauvre villageoise est dénoncée pour sorcellerie par sa voisine jalouse. Eduardo Sangarcía s’est emparé de ce sinistre évènement pour en faire un roman des plus atypiques.

La dénonciation pour sorcellerie était un moyen bien commode pour se débarrasser d’un voisin ou d’un proche encombrant. Au nom de Dieu les inquisiteurs se sont déchaînés. La victime était toujours condamnée d’avance et la torture ne servait qu’à obtenir d’autres noms. Anna est une femme forte qui refuse d’avouer des pêchés qu’elle n’a pas commis. Son regard transperce ses accusateurs, elle ne cède pas.

Ce court texte, pour lequel Eduardo Sangarcía a fait un gros travail de recherches historiques, a une forme très originale. Les phrases ne commencent pas par une majuscule et ne se terminent pas par un point. Les paragraphes sont plus ou moins en retrait. Tous les protagonistes prennent la parole et le texte est parfois divisé en 2 colonnes : pendant que l’un parle on sait ce qui se passe dans la tête de l’autre. On y trouve même la signature du diable. Il fallait l’oser pour un premier roman ! Cette forme hors norme donne beaucoup de force au propos.

Un récit marquant, beau mais ardu, il faut bien l’avouer. Il faut le déguster en prenant son temps et quelques pauses sont nécessaires pour digérer certains passages. Par l’intermédiaire d’Anna Thalberg, Eduardo Sangarcía rend hommage à toutes les femmes qui, aux cours des siècles, ont été accusées d’être des sorcières, simplement parce qu’elles étaient différentes. A celles qui ont refusé de s’abaisser devant leurs bourreaux et sont restées dignes.

Merci Trames et Camille Paulian pour le moment d’échanges si sympathiques avec Eduardo Sangarcía , Lesly, son archimagicienne, et Marianne Million, sa traductrice. 

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